• Premières mythologies : d'un dualisme primitif à une première hierarchie mythologique

      Au départ, les primitifs slaves n'avaient que deux divinité : l'une représentant le bien et le jour, avait pour nom "Bielog"; l'autre, image du mal et de la nuit, s'appelait "Chernobog", ou dieu noir. Les deux dieux étaient bien évidemment opposés l'un à l'aute. Les différents exorcismesétaient alors fréquents chez les paysans afin d'obtenir bonnes récoltes et autre. La Russie blanche croira d'ailleurs longtemps au "Bielun", apparaissant le plus souvent dans les légendes comme un vieillard à la longue barbe ne se montrant que le jour, et aux actions bienfaisantes. Il aidait les paysans aux champs et les voyageurs égarés.

       Mais il s'avère rapidement qu'une opposition si simpliste n'arrive pas à expliquer avec précision les différents éléments naturels : la foudre, la mauvaie récolte ou la sécheresse sont trop présentes dans le monde slave rustique pour ne pas l'expliquer par autre chose que par la colère d'un impalpable et improbable dieu noir, de même que les bones actions de la nature par un dieu blanc. Malgré le fait que cette opposition de deux divinités soit restée ancrée dans certaines couches de la population (ainsi une insulte ukrainienne serait : "que le Dieu noir t'extermine"), sur ce manichéisme aura tendance à greffer d'autres divinités destinées à mieux expliquer les accidents de la nature.

       Une première hierarchie mythologique apparaît donc, et donne la possibilité aux paysans de réaliser de fréquents exorcismes leur permettant de réclamer à leurs divinités de bonnes récoltes, une bonne santé, puis tout ce qu'il est possible de demander afin d'améliorer ses conditions de vie, ou de survie dans un monde quelque peu hostile en ce qui concerne les conditions géographiques et climatiques.    

       Dans ce premier arbre généalogique des dieux slaves, le premier est le père des autres divinités. Il se nomme Svarog (tiré de Svar=brillant, clair, mot dont la paternité revient au sanscrit). Il est le ciel. Ayant régné durant les temps primitifs, il lègue son pouvoir à ses enfants : Dajbog, le soleil, et Svarovich, qui tient du feu et de la foudre. Ces premières branches de "l'arbuste mythologique" slave montrent de la part de ce peuple ce même attachement mêlé de peur que l'on retrouve pour le feu chez d'autres peuplades anciennes. Celui-ci a d'abord un caractère sacré, lié à ses caractéristiques purificatrices : il brûle et sait se faire respecter; il est d'un autre côté pratique, quotidien, il réchauffe, cuit les aliments et éloigne les bêtes sauvages. La question qui viendrait à l'esprit serait : "Pourquoi dans ce cas n'est-ce pas Svarovich le père de tous les dieux ?". Un ancien slave aurait sans doute répondu que c'est Svarog qui allume la foudre et fait lever le soleil. En effet un ciel orageux précède l'orage tout comme l'aube précède le soleil.    

       Pour les slaves, Dajbog habite le pays de l'éternel été et de l'abondance, dans un pays d'or situé quelque-part en Orient. Dans certaines légendes russes, il habite douze royaumes qui correspondent en fait aux signes du zodiaque, alors que ses enfants habitent sur les étoiles et sont servis par les filles solaires qui les soignent et leur chantent des chansons. Les étoiles sont métaphoriquement considérées comme les enfants du soleil puisqu'elles ont une fonction similaire à celui-ci la nuit. En d'autres termes, les vieux slaves avaient déjà compris à leur façon que le soleil était une étoile.

       Selon les régions et les légendes, la lune, appelée Miesats (c'est d'ailleurs le nom actuel du croissant de lune en russe) est l'époux/l'épouse de Dajbog. Elle est, comme lui, juste, et apporte le bonheur aux hommes, et le fait est que les slaves ont associé, comme avec les étoiles, la fonction du soleil, qui est d'apporter la lumière aux hommes, et celle de la lune, qui les éclaire également la nuit.

       Bien entendu, bien d'autres divinités dépendent de cette première hiérarchie, et cet attrait à nommer un Dieu pour chaque élément de la nature rappelle la mythologie celtique. Nous nous bornerons à citer les plus importantes : Zaria (l'aurore), étaient en fait deux soeurs : l'une était utrennaya zaria (l'aurore du matin) l'autre vechernaya zaria (l'aurore du soir). Elles étaient les gardiennes des portes du palais céleste et les ouvraient et les fermaient à chaque sortie et retour de Dajbog. Les vents sont aussi importants dans la mythologie primitive slave, et on en dénombre sept dans la plupart des tribus. L'un d'entre eux est le vent d'ouest, appelé Dogoda, parmi les plus cités dans les légendes anciennes, car il est un des vents les plus doux et les plus caressants.

       Une dernière précision est nécessaire en ce qui concerne les étoiles (Zvezdy) : dans certaines légendes, on retrouve, comme les Zaria, les étoiles du matin (utrennaya zvezda), qui sont parfois les épouses de la lune, et les étoiles du soir (vechernnaya zvezda) qui soignent les cheaux blancs du soleil après leur dure course de la journée.  


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