• Les douze chaises

       Ilya Ilf et Evgueni Petrov étaient des nègres d'écrivains célèbres dans les années vingt. Un jour, l'un de ces écrivains leur demanda d'écrire un livre au sujet humoristique, mais ils finirent par l'éditer eux-même, ainsi parut, en 1928, Les douze chaises.


      Les années vingt furent celles de la famine, mais également des possibilités d'enrichissement pour certains hommes d'affaires peu scrupuleux (en cela, on peut les comparer aux années 90 si chaotiques en Russie). C'était l'URSS de la Nouvelle Politique Economique, avec un retour fragile à un capitalisme contrôlé.

       L'histoire : un aristocrate reçoit les confidences de sa vieille tante avant que celle-ci ne meure : elle aurait caché un véritable trésor sous forme de diamants dans une des chaises qui ornaient autrefois son salon. Problème : celle-ci ont été vendues.

       L'information tombe dans l'oreille d'un personnage rusé et haut-en-couleurs, auto-proclamé "le grand combinateur", qui va proposer à l'aristocrate déchu de retrouver les chaises avec lui. S'en suit une chasse au trésor géante après les douze chaises dont une détenant l'héritage tant convoité.

       Certaines expressions du roman sont entrées dans la langue courante russe : "tu ne veux pas les clés de l'appartement où est caché l'argent ?" (lorsqu'une personne vous demande un peu trop), "je ne mange pas six jours" (en français dans le texte) ou encore : "la glace est rompue, messieurs les jurés" (pour dire qu'une affaire progresse. 

       Le Grand Combinateur a donné, pour les joueurs russes, son nom à un premier coup aux échecs : 1.e4 est parfois surnommé le "coup d'Ostap Bender". Vous découvrirez pourquoi, évidemment, en lisant ce roman que je vous conseille grandement, tant il est amusant et rythmé.

       Sachez enfin que Ilf et Petrov n'étaient pas d'accord sur la fin à donner à l'histoire, et qu'ils la tirèrent à pile ou face.

       Il y eut plusieurs adaptations, dont celle, la plus célèbre, vit Andreï Mironov, grand acteur soviétique, jouer le Grand Combinateur. Voici la chanson d'Ostap, avec la traduction ci-dessous :

    Our life is a game (Миронов, Белеет мой парус) - YouTube

    Non je ne pleure pas,

    Je ne fonds pas en larmes,

    A toutes les questions je réponds franchement

    Que notre vie est un jeu, à qui la faute

    Si je m'y suis pris

    Devant qui dois-je m'excuser,

    On me laisse prendre je n'ai pas le courage de refuser

    Et est-ce que mon talent et la chaleur de mon âme

    Ne méritent pas un petit honoraire ?

    Le vent cruel peut bien se mettre en colère

    dans le brouillard des mers de notre quotidien

    Ma voile blanche et solitaire

    se détache sur fond de bateaux d'acier.

    reconnaissez que cela a son charme

    de toucher la pomme d'un coup pratiquement sans viser

    Oeil d'aigle, pression, volte-face élégante

    Et directement dans les mains : le fruit défendu

    Quel délice de raser les bords

    Plus un geste, les anges, regardez : je joue !

    Laissez le compte de mes péchés pour plus tard

    Et appréciez la beauté du jeu

    Le vent cruel peut bien se mettre en colère

    Dans le brouillard des mers de notre quotidien

    Ma voile blanche et solitaire

    Se détache sur fond de bateaux d'acier

    Je ne suis ni un brigand ni un apôtre

    Pour moi non plus tout n'est pas si simple

    Et il est bien possible que mes petites affaires

    Me fassent des cheveux gris avant les autres.

    Mais je ne pleure pas,

    Et ne fonds pas en larmes

    Bien que je ne sache pas où je vais gagner où je vais perdre

    Et il est bien possible pour mon propre malheur

    Que je perdrai plus que je ne gagnerai

    Le vent cruel peut bien se mettre en colère

    Dans le brouillard des mers du quotidien

    Ma voile blanche et solitaire  

    Se détache sur fond de bateaux d'acier...




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  • Commentaires

    1
    Samedi 5 Mai 2012 à 16:02

    Chose étrange, tu as mis sur ton blog justement ce que j'aime: mes films préférés, mes livres et autre...."Les douses" chaises" c'est un roman où chaque phrase c'est une perle.....

    Merci de m'avoir rappelé, je vais le relire (pour la centième fois!)

    dans les prochaines vacances...

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    2
    pierre russie Profil de pierre russie
    Dimanche 6 Mai 2012 à 23:04

    Savais-tu qu'Ilf et Petrov n'arrivaient pas à se mettre d'accord sur le destin des personnages, et qu'ils tirèrent à pile ou face pour décider de celui du Grand Combinateur ? J'aime aussi beaucoup les douze chaises, et Ostap Bender, même s'il n'est pas tout à fait honnête, est pour moi, pour son sang-froid et sa vision du Monde un peu sarcastique, une sorte d'idéal.

    3
    Lundi 7 Mai 2012 à 07:54

    Moi aussi, j'aime ce persdonnage, j'ai de la sympathye pour Ostap, car il était extrèmement intelligent et entreprenant, et il a profité d'imperfections de l'état bolchévique et je dis bravo à lui! Je pense qu'Ilf et Pétrov ont écrit ce roman justement pour suggérer que le systhème de gouvernement d'état n'état pas parfait.Ils ont fait ça d'une forme humoristique  et ils ont très bien réusssi... De tels "grands cobinateurs" il y en a beaucoup de nos jours aussi... Merci pour le commentaire, Pierre, bonne journée!   Jeanne

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