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Il faut habiter à Moscou pour comprendre ce plaisir là de se promener, l'été, au bord de la Moskova, à manger une glace, et à apprécier, comme personne au monde parce qu'ici plus qu'ailleurs le temps est toujours, ou presque, hostile, le soleil qui brille et le reflet de ses rayons sur la rivière.
Il faut habiter ici pour comprendre ce bonheur là d'un taxi-bus qui vous amène, pour la journée, hors de la ville, lorsqu'au bout d'à peine une après-midi, la ville-héros vous manque déjà, vous qui la critiquiez encore hier.
Il faut être moscovite pour apprécier un dimanche à la campagne, ou presque, dans un des immenses parcs de la ville, lorsque vous êtes perdu en plein milieu d'une forêt et pourtant presque au centre-ville.
Il faut vivre ici pour apprécier cette âme slave, et russe, si désagréable parfois, si touchante et attahante souvent.
Cette chanson est pour toi, Moscou :
Моя любовь Москва.wmv - YouTube
Tout juste une heure avant le prochain train pour Moscou,
Et cette heure je vais la passer si loin de vous,
Dans un tel vide, une telle transparence
Que l'on pourrait toucher l'horizon de la main.
Dans ma ville adorée je descendrai à Textilchiki (1)
Le wagon bleu se balancera sur ses essieux dorés (2)
Serré par une foule désordonnée je sortirai sur la rivière
Et enfin poserai ma joue contre ta joue.
Où donc me cacher de notre Amour capricieux, Moscou ?
Sur les cils de tes fils brille une lumière humide.
Dans les tours brillent des feux
Et cela veut dire que nous protège encore
Ton amour, Moscou.
Nous volons au dessus de la rivièreEt de la brume grise,
Et comme d'habitude tes parfums rappellent l'odeur de la fumée.
Un époustouflant feu d'artifice tonne,
Et on ne peux plus attendre :
Dans les maisons on joue d'un instrument et on chante,
la nuit tombe.
Et ton murmure fou
coule sur ton visage,
et pulse la boucle de ta ceinture de boulevards.
Capitale de mon bonheur et de ma jalousie,
On a encore une chance pour le dernier métro,
Courons, vite !
Nulle part où se cacher de ton capricieux amour, Moscou !
Amoureux que je suis de la capitale, je sais que même dans tes caprices tu as raison.
L'Aurore brille sur les tours,
Et j'ai l'impression qu'encore une fois va nous sauver
Ton Amour, Moscou !
NDT :
(1) Textilchiki est un quartier, et une station de métro dans le sud-est de Moscou.
(2) Les wagons de métro sont pour la plupart bleus à Moscou.
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J'ai passé le long week-end du huit mars (férié en Russie) à Nijni Novgorod, où, comme j'ai eu l'occasion de l'écrire précédemment, j'ai vécu durant deux magnifiques années. L'hiver a décidé de faire encore un peu de résistance, pour le plus grand bonheur de mon appareil photo et le plus grand malheur de mes oreilles. Visite donc, n'oubliez pas vos cache-nez !
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Ilya Ilf et Evgueni Petrov étaient des nègres d'écrivains célèbres dans les années vingt. Un jour, l'un de ces écrivains leur demanda d'écrire un livre au sujet humoristique, mais ils finirent par l'éditer eux-même, ainsi parut, en 1928, Les douze chaises.
Les années vingt furent celles de la famine, mais également des possibilités d'enrichissement pour certains hommes d'affaires peu scrupuleux (en cela, on peut les comparer aux années 90 si chaotiques en Russie). C'était l'URSS de la Nouvelle Politique Economique, avec un retour fragile à un capitalisme contrôlé.L'histoire : un aristocrate reçoit les confidences de sa vieille tante avant que celle-ci ne meure : elle aurait caché un véritable trésor sous forme de diamants dans une des chaises qui ornaient autrefois son salon. Problème : celle-ci ont été vendues.
L'information tombe dans l'oreille d'un personnage rusé et haut-en-couleurs, auto-proclamé "le grand combinateur", qui va proposer à l'aristocrate déchu de retrouver les chaises avec lui. S'en suit une chasse au trésor géante après les douze chaises dont une détenant l'héritage tant convoité.
Certaines expressions du roman sont entrées dans la langue courante russe : "tu ne veux pas les clés de l'appartement où est caché l'argent ?" (lorsqu'une personne vous demande un peu trop), "je ne mange pas six jours" (en français dans le texte) ou encore : "la glace est rompue, messieurs les jurés" (pour dire qu'une affaire progresse.
Le Grand Combinateur a donné, pour les joueurs russes, son nom à un premier coup aux échecs : 1.e4 est parfois surnommé le "coup d'Ostap Bender". Vous découvrirez pourquoi, évidemment, en lisant ce roman que je vous conseille grandement, tant il est amusant et rythmé.
Sachez enfin que Ilf et Petrov n'étaient pas d'accord sur la fin à donner à l'histoire, et qu'ils la tirèrent à pile ou face.
Il y eut plusieurs adaptations, dont celle, la plus célèbre, vit Andreï Mironov, grand acteur soviétique, jouer le Grand Combinateur. Voici la chanson d'Ostap, avec la traduction ci-dessous :
Our life is a game (Миронов, Белеет мой парус) - YouTube
Non je ne pleure pas,
Je ne fonds pas en larmes,
A toutes les questions je réponds franchement
Que notre vie est un jeu, à qui la faute
Si je m'y suis pris
Devant qui dois-je m'excuser,
On me laisse prendre je n'ai pas le courage de refuser
Et est-ce que mon talent et la chaleur de mon âme
Ne méritent pas un petit honoraire ?
Le vent cruel peut bien se mettre en colère
dans le brouillard des mers de notre quotidien
Ma voile blanche et solitaire
se détache sur fond de bateaux d'acier.
reconnaissez que cela a son charme
de toucher la pomme d'un coup pratiquement sans viser
Oeil d'aigle, pression, volte-face élégante
Et directement dans les mains : le fruit défendu
Quel délice de raser les bords
Plus un geste, les anges, regardez : je joue !
Laissez le compte de mes péchés pour plus tard
Et appréciez la beauté du jeu
Le vent cruel peut bien se mettre en colère
Dans le brouillard des mers de notre quotidien
Ma voile blanche et solitaire
Se détache sur fond de bateaux d'acier
Je ne suis ni un brigand ni un apôtre
Pour moi non plus tout n'est pas si simple
Et il est bien possible que mes petites affaires
Me fassent des cheveux gris avant les autres.
Mais je ne pleure pas,
Et ne fonds pas en larmes
Bien que je ne sache pas où je vais gagner où je vais perdre
Et il est bien possible pour mon propre malheur
Que je perdrai plus que je ne gagnerai
Le vent cruel peut bien se mettre en colère
Dans le brouillard des mers du quotidien
Ma voile blanche et solitaire
Se détache sur fond de bateaux d'acier...
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