• J'ai passé mes week-ends du mois d'août à la datcha, et comme il n'est pas certain que tout le monde sache ce que cela peut bien être, j'ai décidé de vous expliquer cela à l'aide de quelques photos prises par votre humble serviteur.

    Une datcha est une maison de campagne en Russie (et dans certains autres pays de l'est). Elle est traditionnellement en bois, mais peut-être en brique ou en béton. La différence avec la maison secondaire en France, par exemple, est qu'elle est d'un prix tout à fait abordable pour la classe moyenne citadine.

    Les russes y vont en général pour le week-end, mais certains y prennent leurs quartiers d'été. 

    Les avantages de la datcha sont évidemment qu'on peut y respirer un peu d'air frais, y planter ses propres tomates et faire du jardinage.

    Les désavantages sont dans l'entretien, et également, justement, dans les tomates et le jardinage (tout cela fatigue un peu quand même !).

    Une datcha comporte en général un ameublement rudimentaire, en général pas mal de meubles en bois, et un inévitable poële à bois pour se chauffer lorsque les nuits sont un peu fraîches.

    Les maisons sont assez vastes, il y fait toujours chaud et il y règne toujours un calme absolu. Je ne suis pas vraiment comme les russes, et je ne trouve pas que cela soit une mauvaise chose lorsque il pleut : bien au chaud à l'intérieur, avec quelques amis, à manger et boire un peu de vin, quoi de plus convivial ?

    Il y a peu de datchas avec piscine, dont la construction et l'entretien ne sont pas donnés, mais il y en a par contre très peu qui n'ont pas leur "bania", ou bain russe (la cabane derrière la serre en est un). Pour les profanes, le bania est synonyme de sauna; au cas où, malgré tout, viendrait me lire quelqu'un d'aussi ferru que moi de saunas et autres hammams, je vous explique tout de même la différence :

       Le hammam (ou bain turc) est chauffé en principe par un feu sous une pierre, sa température est peu élevée (+40 environ) et est humide : on se retrouve plongé dans un bain de vapeur d'eau, ce qui fait transpirer.

       Le sauna, d'origine scandinave, est sec, et extrêmement chaud (entre 70 et 100 degrés, mais j'ai déjà vu des saunas à 120 degrés. Ma résistance personnelle s'arrête là, au delà je ne peux plus entrer). On y transpire énormément, au bout d'environ cinq minutes en général.

       Le banya est un peu moins chaud que le sauna, mais est surtout commandé par un rituel bien particulier.

       D'abord, on doit y aller nu et à plusieurs (laissez votre pudeur au vestiaire !). C'est la tradition, mais il y a aussi une explication logique : nu, parce que le port (possible) d'un maillot-de-bain favorise le développement des bactéries, et à plusieurs parce qu'on doit se fouetter avec une sorte de balai fait de branches d'arbustes. Rien là de masochiste, cela ne fait pas du tout mal et permet une meilleure circulation du sang. On effectue en général trois passages au banya, entre lesquels on boit du thé et on papote. Les plus motivés, l'hiver, iront sauter dans un trou fait dans un étang gelé à leur sortie du bain. Je ne l'ai jamais fait, et ne crois pas que j'en aurai un jour le courage !

    Après avoir passé quelques temps au bania (ce qui vous promet déjà, croyez-moi, une belle nuit ! Si vous êtes insomniaque, allez trois fois cinq minutes dans un sauna en France, puis buvez deux verres de vin après, vous me reparlerez de vos insomnies !), le temps est venu de manger quelque-chose !

    La tradition, en Russie, à la datcha en particulier, est de manger des chachliki,ou brochettes de viande cuites au barbecue (ici des amis à moi préparent des côtes de porc). Accompagné de vin (la vodka est possible, mais on sent tout de même baisse importante de sa consommation ici. Je ne me base sur aucune statistique pour dire cela, il ne s'agit que de mon observation personnelle, je peux donc me tromper !). Après un bon repas sous le ciel étoilé, précédé de trois passages au bania, le moment est venu d'aller dans le jardin admirer les étoiles qui brillent comme jamais, loin de la ville !

    Bania, chachliki, jardinage, bricolage et promenades, sont très traditionnels en Russie, et tout le monde fait plus ou moins la même chose, ici le week-end. Un mot existe même en russe pour les gens qui vont à la datcha : "les datchniki".


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  • Cet article pourrait aussi bien être une encyclopédie tant le sujet est vaste. Limitons-nous à quelques incontournables du rock russe.

       1-Kino et ViktorTsoï :

         Le 15 août 1990, près de Riga, en Lettonie, une voiture s'encastre dans un autobus. Sur la banquette arrière, une canne à pêche, dans le coffre des bandes-sons, à la place du chauffeur, un homme d'à peine vingt-huit ans aux traits asiatiques. Ce qu'est devenue la canne à pêche, nul ne le sait, les bandes-sons miraculeusement intactes dans le coffre deviendront le dernier album d'un groupe de rock extrêmement populaire ("l'album noir", ainsi nommé parce que son chanteur n'était plus là pour lui trouver un nom). L'homme, Viktor Tsoï, vient d'entrer dans la légende. L'URSS chancelante avait trouvé son James Dean à elle, représentant d'une génération sacrifiée à la veille des changements que l'on sait et qui vont bouleverser le monde. Beaucoup supposent qu'il a été tué, la version officielle de l'époque (endormi au volant de sa voiture alors que celle-ci atteignait les 130 km/heure) ayant l'air douteuse. Chantre du changement à une époque trop instable.

       Le cri de ses admirateurs restera d'ailleurs celui-ci : "Tsoï est vivant !"

       Sa mort fut suivie de plusieurs suicides, et il est à noter qu'il est sans doute le seule chanteur de rock russe à avoir un mur qui lui est consacré (vous trouverez le mur de Tsoï sur le vieil Arbat, à Moscou).

       Viktor Tsoï s'est également illustré au cinéma (kino veut d'ailleurs dire "cinéma" en russe), dans le film russe "L'aiguille" entre autres.

       Voir une de ses chansons ici : http://www.youtube.com/watch?v=GNpy6PQJpXE&feature=related

       2-Boris Grebenchtchikov et Akvarium :

       Sans doute un des groupes de rock russe les plus vieux encore en activité. Courage à celui qui pourrait en compter le nombre d'albums. Boris Grebenchtchikov, son chanteur, guitariste, parolier compositeur et figure de proue, énerve certains, compte des millions d'admirateurs, et apparait comme un monument de la musique russe d'aujourd'hui.

       La musique d'Akvarium a beaucoup changé avec le temps, et les premiers albums contiennent de véritables petits bijoux. Les années (et sans doute la popularité ! il faut savoir qu'Akvarium, jusqu'au milieu des années 80, organisait leurs concerts dans les appartements de leurs amis !) n'ont pas vraiment arrangé leur créativité !

       Voici une de leurs millions de chansons, sans doute la plus politique :   

    http://www.youtube.com/watch?v=UxU2xmjaRqE

      3-DDT :

       Rock un peu plus lourd que celui d'Akvarium, DDT se démarque surtout de par son chanteur et auteur/compositeur Yurii Chevchuk. Ses textes sont assez politisés, et on sent parfois que la musique est là pour faire passer un message. Comme c'est assez systématique, et assez terre-à-terre, ça menace parfois d'être fatigant. DDT est considéré, avec Akvarium, comme les chefs de file du "rock de Leningrad", paradoxalement ils sont originaires d'Ufa, à plusieurs milliers de kilomètres à l'Est !

       Voilà une chanson, sans doute une de leur plus connues :  http://www.youtube.com/watch?v=pzxEtkjujsI

    4-Nautilus Pompilius :

       Le nom ne devrait être inconnu ni aux amoureux de Jules Verne (Vingt-mille lieux sous les mers), ni aux spécialistes des gastéropodes marins (allez sur Google et tapez "Nautilus Pompilius", vous allez être impressionnés par le nombre de forums existant sur les mollusques !).

       Nautilus (appelé parfois simplement NAU par ses fans) et son leader Viacheslav Butusov, présentent un rock plus doux, plus recherché, aux compositions plus compliquées. Ils ont leur propre parolier, leurs textes, très poétiques, sont toujours intéressants à écouter, et accompagnent parfaitement leur musique.

       Le texte de la chanson suivante est une traduction en russe d'un poème d'André Ady, poète symboliste un peu oublié aujourd'hui, pourtant considéré comme le "Baudelaire" hongrois, et que je vous recommande :  

    http://www.youtube.com/watch?v=fIA_rhmm0DA

      5-Agatha Christie :

       Que l'on aime ou pas, on peut imaginer combien l'auteure du "Crime de l'Orient-Express" et des innombrables enquêtes de Poirot doit se retourner dans sa tombe d'avoir prêté son nom à un groupe de rock russe gothique !

       Agatha Christie, donc, originaire, comme Nautilus Pompilius, de la lointaine ville d'Ekaterinbourg dans l'Oural, groupe des frères Samoïlov, se placent comme les chefs de file du gothique russe, leur musique rappelle les Cure, notre Indochine national parfois, avec de temps en temps des éléments plus rocks. Leurs textes ont moins d'intérêt, et sans doute est-ce voulu, que ceux de tous les groupes ayant précédé dans cet article.

       Reste que leur musique bouge bien, à écouter à petite dose pour éviter l'écoeurement :

       Voilà une chanson (à écouter fort évidemment !) :   http://www.youtube.com/watch?v=LpxvxTjYakw&feature=related

       J'espère que ce compte-rendu vous a plu, il y aurait évidemment beaucoup encore à dire, mais ces cinq là sont déjà assez représentatifs de ce qui se fait en Russie en terme de rock.

      Une remarque : ces groupes sont aujourd'hui vieillissants, mais c'est avec le recul que l'on peut parler de grands groupes ou non. Espérons que cet article vous donnera envie d'écouter de la musique russe !

         


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  •  On avance, on se dirige tout le temps vers un nouvel horizon, et à peine parvenu à l'objectif fixé qu'un autre apparaît, et ainsi vit-on, ainsi ne sombre t-on pas dans la folie et oublions que tout cela n'est peut-être que futilités.

       Et puis, comme de grands marcheurs que nous sommes tous un peu, parfois, nous nous arrêtons pour reprendre notre souffle, et tournons la tête pour apercevoir le chemin parcouru.

       C'est à ce moment là que certains d'entre nous ont ce vertige de la distance que nous appelons : "Nostalgie". C'est à cet instant que nous nous demandons ce qu'il nous serait arrivé si, au croisement, nous avions pris tout droit au lieu de prendre à gauche.

       La chanson suivante, pleine de maturité, a été écrite par un écolier. Ce qui la rend encore plus touchante. Vous trouverez ma traduction ci-dessous :

    http://www.youtube.com/watch?v=8zPDkrFd1KU

    Agata Kristi/Ciel gris   

        Le conte s'est envolé avec l'enfance,
       Caché derrière un écran de bonnes manières.
       La fée s'est dépêchée de se rhabiller,
       Et j'éparpille des cendres dans ce ciel.

       Non ce n'est plus cette époque là
       Non ce n'est plus ce ciel là
       Quand on pouvait juste sourire,

       Et se dire que le ciel serait gris plus tard.

       Si on fait tout comme il faut
       Et qu'on ne se rappelle pas

       Si on se cache sous l'oreiller
       Et qu'on ne se rappelle pas
       Si on voit le ciel gris
       Et qu'on ne se rappelle pas
       Que le ciel, le ciel, était un jour bleu
       Que le ciel, le ciel, était...

      Ca ne va pas vraiment aider
      Ceux qui aiment peindre
      Aiment, aiment, aiment peindre
      Aiment, aiment, aiment peindre.

      Non ce n'est plus cette époque là

      Non ce n'est plus ce ciel là
      Quand on pouvait juste sourire
      Et il faut à présent aimer quelqu'un
      Et vivre après cela,

      Et encore et encore et encore tuer
      Alors qu'avant
      On pouvait juste sourire
      Et se dire que le ciel serait gris plus tard.

     


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  • Novodevichi - diaporama flash

        Voici un petit diaporama du monastère Novodevichi, dans le sud de Moscou. Fameux surtout pour son cimetière que l'on pourrait comparer au Père-Lachaise à Paris.


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  •  Je m'appelle Pierre, j'habite en Russie, et j'ai envie de raconter plein de choses. Sur le pays où j'habite, bien entendu, mais pas seulement.

     Ce blog n'est ni politique, ni économique, ne prétend ni critiquer ni encenser la Russie. Je veux parler de ce que l'on oublie trop lorsque, dans les médias, résonne ce mot menaçant : Russie !

      Des gens, de la culture, musique et littérature russes, de ma vie ici, de celle de ceux qui m'entourent.

      Bienvenue à toi si tu es venu sans à priori, sans haine ou sans envie de discuter des prochaines élections  

     


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